Responsabilité aux parents !

Au début du 20e siècle, un enfant né hors mariage était  « placé » dans une famille d’accueil, sa mère mise à l’écart de la société… Les avortements clandestins se pratiquaient encore, avec de grands risques pour la santé des femmes. Que de souffrances révélées tardivement dans ce contexte !

Il fallut beaucoup de combats politiques pour arracher le pouvoir de décision aux «experts», majoritairement masculins, et donner enfin aux femmes le pouvoir de décider leurs grossesses et prendre  ainsi possession de leur corps.  Le droit à l’avortement dans des délais et des conditions bien précis, doublé d’une éducation sexuelle adéquate et de divers moyens de contraception abordables à toutes, ont amené une diminution drastique du nombre d’avortements.

Liés aux progrès de la médecine, les diagnostics prénataux et la surveillance des grossesses ont diminué la mortalité maternelle ou/et celle de l’enfant.

Ces analyses prénatales ont aussi conduit les futurs parents à prendre des décisions, en connaissance de cause.  Actuellement, toute future mère attend avec impatience le « contrôle des trois mois », pour savoir si l’enfant se développe normalement, s’il n’est pas porteur de la trisomie 21, par exemple. Si une trisomie est détectée, les futurs parents doivent décider d’interrompre la grossesse ou accepter l’arrivée d’un enfant handicapé, dont ils seront responsables toute leur vie.

Une telle décision ne se prend pas à la légère, et ne peut pas être imposée par un collège de « spécialistes » externes à la famille, qui n’auront pas à vivre la situation au quotidien. La loi permet aux parents d’assumer cette grande responsabilité au plus près de leur conscience, souvent dans la douleur. C’est dans cette phase d’accompagnement que les spécialistes ont leur rôle d’accompagnement à jouer.

La loi sur le diagnostic préimplantatoire dite DPI » sur laquelle le peuple votera le 5 juin demande, pour les parents qui doivent recourir à une fécondation in vitro, de pouvoir bénéficier d’un diagnostic avant l’implantation de l’embryon dans l’utérus de la mère, plutôt que de devoir attendre trois mois avant d’effectuer le diagnostic prénatal.

La fécondation in vitro est un parcours du combattant, difficile physiquement et moralement pour les mères concernées, et qui n’aboutit que dans 30 % des cas ; je ne comprends pas l’acharnement des opposants à vouloir leur interdire de diagnostiquer dès le début une éventuelle trisomie et les forcer à attendre trois mois pour procéder aux analyses prénatales autorisées…

Les personnes handicapées, quelqu’elles soient, sont des membres à part entière de notre société. Elles méritent notre entier soutien, notre respect, et toutes les mesures nécessaires pour les intégrer. L’acceptation de la loi sur le diagnostic préimplantatoire ne saurait remettre cela en cause.

Josiane Aubert, ancienne conseillère nationale, la Vallée