Non au Gripen!

Le 18 mai prochain, le peuple suisse est amené à voter pour ou contre l’achat de nouveaux avions de combat Gripen. Le coût de l’opération est estimé à un montant de 3,126 milliards. Toutefois, ce chiffre est quelque peu trompeur. Une fois les avions achetés, il faudra en effet les armer, les entretenir, créer de nouvelles infrastructures militaires pour les accueillir et les exploiter. Tout cela a un coût qui est estimé – achat compris – à 10 milliards de francs pour l’ensemble de la durée de vie des avions. A l’heure où de nombreux cantons mettent en place des programmes d’économie et que la BNS annonce ne pas avoir de dividende à redonner aux Cantons et à la Confédération – une première depuis la création de la BNS en 1905 -, d’autres secteurs tels que la formation, la santé, l’AVS, les transports, l’énergie, la culture, le sport ou encore la lutte contre la criminalité pourraient tous bénéficier de ces 10 milliards.

Aujourd’hui, la Confédération possède déjà 32 FA/18, plus performants que le Gripen, et qui ne volent qu’aux heures de bureau. En comparaison, l’Autriche qui a une surveillance 24h/24h de son ciel ne possède que 15 avions. L’Allemagne utilise quant à elle 4 avions pour sa surveillance aérienne quotidienne. En prenant en compte les besoins de la formation et la maintenance, une douzaine d’avions suffisent largement pour garantir la sécurité de notre espace aérien. Or nous en possédons déjà 32 ! A quoi nous serviraient les 22 Gripens supplémentaires ? A nous protéger d’une potentielle offensive étrangère ? Certainement pas, rappelons-nous que lors des derniers conflits majeurs en Europe occidentale la Suisse n’a jamais été engagée. Face aux arguments militaires, n’oublions pas les arguments économiques, diplomatiques ainsi que notre neutralité.

Il est intéressant de noter que le Gripen E, modèle retenu par la Confédération, n’existe que sur le papier. Plusieurs de ses composants n’ont pour l’heure même pas été conçus. Les coûts annoncés ne sont donc pas garantis. De plus, le rapport d’évaluation d’Armasuisse s’est révélé être très négatif pour le Gripen. Il obtient une note insuffisante dans la plus part des domaines et notamment celui de la police aérienne et du combat en vol, loin derrière le FA/18 et les deux autres avions en concurrence sur le marché à savoir : l’Eurofighter et le Rafale. Notons encore que la Finlande qui renouvelle sa flotte aérienne a rejeté le Gripen car il n’est, selon le ministre de la défense, pas assez performant comparé aux autres avions.

En outre, certains partis nous font croire que l’achat de ces avions profitera à notre économie par le biais des affaires compensatoires, mais ceci n’est qu’un mirage. Aujourd’hui, l’entreprise SAAB, développeur de l’avion, annonce 400 millions d’affaires compensatoires. Or le bureau en charge de vérifier s’il s’agit bien d’affaires compensatoires annonce des contrats pour 250 millions de francs. Ueli Maurer et la droite proposent donc que le contribuable dépense 10 milliards ces prochaines années pour un avion qui est peu performant, inutile à notre pays et dont l’achat n’aura que de faibles retombées pour notre économie et nos industries.

Pour toutes ces raisons, je vous encourage à voter NON à l’achat du Gripen le 18 mai prochain.

Sébastien Cala

Président du PS Vallée de Joux