Après le 9 février : assurer la cohésion sociale plutôt que plaider la division!

Après le résultat de la votation sur l’initiative UDC « contre l’immigration de masse », l’UDC s’est volontairement murée dans un silence sur sa mise en oeuvre concrète. Ceci était fortement prévisible vu qu’à l’instar de la plupart de ses initiatives, elle est tout simplement inapplicable.

Sauf peut-être le milliardaire Christoph Blocher qui a accusé les « welsches » de mauvais patriotes. Que de mépris venant d’une personne qui a vendu Alusuisse au canadiens ou proposait de vendre la Poste suisse aux allemands. Les 40 % des électeur-ice-s romand-e-s qui ont voté en faveur de l’initiative apprécieront très certainement cette salve et le côté patriote de l’intéressé dans ses affaires privées..!

Mais le plus important dans l’immédiat est de comprendre les raisons qui ont poussé à l’acceptation.

Même si les raisons de l’acceptation sont multiples, il est un argument qui est revenu constamment tout au long de la campagne : celle de la peur de perdre sa place de travail chez les moins de 30 ans et plus de 50 ans notamment !

Quand bien même nous sommes dans une période de haute conjoncture où le taux de chômage est relativement bas et le Canton de Vaud n’a jamais autant investi en faveur des contribuables, cette crainte est récurrente depuis une vingtaine d’années, bien avant l’entrée en vigueur des accords bilatéraux.

Et ce par faute de mécanismes efficaces permettant une réelle sécurité  sur sa place de travail. En effet, notre conception purement libérale du droit du travail helvétique n’est plus en phase avec notre économie mondialisée.

Les conventions collectives de travail (CCT) ne sont régies qu’entre partenaires privés et très peu sont étendues respectivement, contiennent des salaires minimaux de force obligatoire. En effet, ce ne sont que 50 % des salarié-e-s en Suisse qui sont soumis à une CCT.

Et c’est bien la codification de notre droit du travail qu’il s’agit de réformer en profondeur afin d’assurer une sécurité de l’emploi et ainsi éviter tout phénomène de dumping salarial et social.

Pour cette raison, les mesures d’accompagnements doivent être prioritairement renforcées contrairement à l’attentisme des milieux patronaux sur cette question depuis quinze ans.

Malheureusement, dès que ce genre d’argument est avancé on nous accuse de créer un système à la française…

Mais, l’extension des CCT, la création d’un salaire minimum, le droit à une formation de base/continue tout au long de sa carrière professionnelle sont des réponses beaucoup plus efficaces et concrètes que le fait de limiter arbitrairement la population étrangère dans un pays qui a toujours vécu de l’immigration et ce, pour le bien de son économie prospère…

A méditer donc, et surtout ne pas l’oublier lors de la prochaine votation du 18 mai sur les salaires minimaux !

Nicolas Rochat Fernandez, député, 

Président du groupe socialiste au Grand conseil vaudois