Oui à l’aide aux médias le 13 février

Commençons directement cette tribune avec une déclaration d’intérêts : je travaille dans deux médias, qui seront concernés par le paquet d’aide sur lequel on votera en février. Toutefois, ce n’est pas par professionnalisme ou par excès de zèle envers mon employeur que je prends la plume pour défendre cette votation (j’ai bien défendu la dernière votation sur les soins infirmiers alors que je ne suis pas infirmière).

Je prends la parole pour défendre ce paquet d’aide, d’abord pour des raisons rationnelles. Ce n’est pas une nouveauté, les revenus des médias ont drastiquement baissé. Les habitudes des lecteurs ont changé, mais surtout, une grosse partie de la pub va aux géants du web. Et avec une perte de revenus, les difficultés économiques pointent le bout de leur nez. Hélas, sans argent, difficile de faire tourner un média. Et pourtant, on ne cesse de le rappeler mais ils sont essentiels, ils sont la pierre angulaire de notre démocratie. Sans eux, vous ne liriez probablement pas mes lignes et il vous serait plus difficile d’avoir accès à plusieurs avis sur les votations. Sans eux, pas de fact checking comme on dit dans notre jargon, pas de vérification des faits. Et à l’heure des fake news, il est plus important que jamais d’avoir accès à de multiples sources pour pouvoir se construire un avis et une opinion solide. On parle énormément des théories du complot, et les médias sont souvent accusés d’être complice des conspirations. Et pourtant, c’est souvent eux qui les ont révélés. Prenez l’exemple du Watergate par exemple. Sans médias, on ne saurait probablement rien de ce scandale. Il est donc nécessaire de les soutenir. Il n’y a pas que « des millionnaires zurichois » dans la presse, il y a aussi des entrepreneurs qui ont le courage de se lancer dans une aventure éditoriale, et ce faisant, élargissent la diversité des titres. Il y a aussi des jeunes qui, comme moi, rêvent de travailler dans ce milieu et qui profiteraient d’un oui le 13 février puisque les mesures prévoient aussi un soutien aux écoles de journalisme.

Il y également des raisons émotionnelles qui me poussent à défendre ces aides, il faut bien l’avouer. Travailler dans la presse est un rêve de gosse, que j’ai eu la chance de réaliser. Quand j’ai commencé à en rêver, il y avait encore l’Hebdo. Plus récemment, Micro, tout juste créé en 2019 a mis la clé sous la porte en 2020. Et ils ne sont pas les seuls. Tous ces titres avaient une mission commune : informer. Je les ai vu disparaître, mais j’ai pourtant atterri dans le monde de la presse. Après un an et demi dans ce milieu, et depuis mon premier jour, je suis professionnellement épanouie. Alors pour la petite rêveuse que j’étais, pour la femme que je suis, pour mes collègues et pour tous nos lecteurs, je voterai oui à ce paquet d’aide.

Adriane Bossy, candidate PS au Grand Conseil